Dans un récent billet, Jeremiah Owyang consultant reconnu en Web Strategy, propose une catégorisation intéressante des applications sociales pour entreprises. Dans un premier temps, j’ai voulu traduire le billet de Jeremiah et rapprocher plus les lecteurs intéressés des applications sociales utiles à l’entreprise. Rapidement, j’ai changé d’avis et voulu pousser l’exercice plus loin pour étudier la faisabilité d’intégrer des applications sociales au sein de l’entreprise.
Toutes les entreprises ne sont pas au même niveau organisationnel et technique. Dotée ou non d’une véritable culture, d’une organisation spécifique et de moyens techniques, chaque entreprise réagit différemment aux évolutions commerciales, sociétales et techniques. Là où des entreprises françaises (grands groupes, PME) ont déjà anticipé l’avènement du web 2.0 (cas MMA), d’autres entreprises de l’hexagone sont encore hors jeu.
Quelles sont les raisons de ce déphasage ? Certainement pas les moyens financiers. A mon sens, les véritables raisons sont principalement culturelles et techniques.
Les marchés sont des conversations
Cette expression est la première thèse du manifeste des évidences dont la première version est apparue en 1999. L’avènement du web social rend encore cette expression plus vraie. Les personnes discutent de tout en ligne : impératifs professionnels, relations et intimités personnelles, loisirs, politique, etc.
Chaque entreprise doit intégrer cette donne dans sa relation avec son audience : elle s’adresse désormais à des humains en quête d’échange et de différenciation, et non à des classes homogènes composées de catégories socioprofessionnelles ou groupes démographiques.
Communiquer n’est pas collaborer
Aussi, l’intranet n’est pas une plateforme collaborative. A mon sens, je collabore quand je travaille avec une ou plusieurs personnes en vue de réaliser un ouvrage commun, indépendamment du rang hiérarchique. Une collaboration effective sous entend l’existence d’une culture d’intelligence collective. Je vous recommande le blog d’Olivier Zara et son bouquin, deux mines d’informations à ce sujet.
Il est nécessaire de se rappeler que le web a été créé pour permettre la collaboration et non la communication. Le chat et l’e-mail existaient avant le WWW. Tim Berners Lee et Robert Cailliau ont réalisé le premier prototype du WWW afin de faciliter la collaboration des scientifiques du CERN.
Travailler en réseau
Le travail en réseau est l’un des ingrédients de la collaboration effective. Travailler en réseau repose sur l’échange et la libre circulation de l’information au sein de la structure, pour s’affranchir du schéma archaïque de diffusion Top-Down et Bottom-Up. Ci-dessous un schéma de Didier Heiderich sur le fonctionnement en réseau où la direction n’a plus de valeur hiérarchique : son rôle est de déterminer la stratégie et fournir le sens, ce qui constitue une fonction spécialisée au même titre qu’une autre compétence. (page 6 du pdf)
Méconnaissance de la culture Open Source
Sans un travail en réseau et une collaboration effective, on n’aurait jamais eu les logiciels open source et certainement aucun des grands services du web (Google, Facebook, Yahoo, Twitter, WordPress, etc.). Les logiciels Open Source sont les leviers de l’innovation continue du web et de l’informatique. Ils sont gratuits et couvrent tous les domaines du logiciel. Et malgré cela, ils sont très faiblement adoptés au sein des entreprises.
Un paramètre qui peut jouer en défaveur des logiciels Open Source : le manque de formation. Argument qui est avancé par les produits commerciaux.
Toutefois, si la volonté est réelle d’adopter ce type de logiciel, prendre le temps de se former et former les personnes par itération est possible et très bénéfique pour l’esprit de l’entreprise. Autre solution, faire appel aux entreprises qui se sont positionnés sur ce secteur.
Se familiariser avec les logiciels Open Source, permettra à l’entreprise :
- d’une part de se familiariser avec l’esprit du web et,
- d’autre part de développer l’aptitude à intégrer de manière souple les évolutions techniques qui surviennent chaque jour.
Bases De Données Relationnel vs Bases De Données XML
Le stockage des données est l’un des enjeux du web. Le volume de données est immense et ne cessera de croître. Les géants du web tel Google ou Amazon, pour répondre à ce défi, ont inventé leurs propres systèmes de stockage et partagé leurs connaissances avec les communautés en ligne. Ceci a donné naissance à diverses Base De Données (BDD) Open Source utilisées aujourd’hui par les entreprises montantes du web: Twitter, Zynga, etc. Ces nouvelles BDD se basent globalement sur des standards XML ou JSON.
Intégrer le Web 2.0 au sein de l’entreprise suppose l’intégration de ces nouvelles BDD aux bases de données existantes. La quasi majorité des entreprises utilisent les bases de données relationnelles (vue matricielle des données). Ces deux types bases de données sont très hétérogènes.
Les entreprises auront un choix technique à faire :
- gérer deux types de BDD et fusionner les données au moment où on en a besoin (fréquence mensuelle ou hebdomadaire)
- mener des projets en amont pour se baser uniquement sur les nouvelles générations de BDD
==> Qu’est ce que vous en dites de ces 5 freins ? Il y’a certainement d’autres freins auxquels je n’ai pensé.
Dans un prochain billet, j’aborderai le Cloud Computing pour mieux vulgariser ce concept
Crédits photo de garde : http://www.flickr.com/photos/satoboy/4367984862/in/photostream/
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Merci pour ce billet très intéressant.
« Communiquer n’est pas collaborer » = oui, on confond le collectif et le collaboratif. On confond information, communication, collaboration et management. C’est plus pratique pour les éditeurs de logiciel qui peuvent mettre le tampon « Web 2.0″ sur tous leurs produits y compris bientôt outlook
La collaboration, ce n’est pas l’échange d’une information, c’est la co-construction par le collectif d’une nouvelle information. Mais bon, tout le monde s’en fou ! Saint Marketing est plus fort que Saint Terminologie.
Le schéma de Didier Heiderich est pertinent dans certains contextes de travail en particulier les communauté d’intérêts non hiérarchique sans ROI et travaillant sans but lucratif. Wikipedia serait en faillite depuis longtemps si c’était une entreprise alors même que c’est une superbe réalisation. La pyramide hiérarchique est un bon mode d’organisation pour les grandes entreprises pour exécuter les décisions de production et de ventes. Leur problème, ce n’est pas la pyramide pour exécuter les décisions. C’est le processus de prise de décision qui est le plus souvent l’inverse d’une décision solitaire éclairée par l’intelligence collective. Cf. http://www.blog.axiopole.info/2010/04/07/entreprise-2-0-next-generation/
Il existe différents modes d’organisation et chaque mode a son efficacité dans un contexte donné. Il n’y a pas un mode universel et l’efficacité est à mon avis dans la combinaison de modèles paradoxaux pour tirer le meilleur de chaque modèle. Faire vivre le paradoxe, voilà le défi des organisations du 3ème millénaire
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Bonjour Olivier,
Je n’avais jamais abordé l’aspect organisation du point de vue « Paradoxe ». Ton approche est très intéressante.
En effet, il n’y pas d’organisation universelle. On peut imaginer l’alternance des modes d’organisation selon le contexte : crise, grande charge de travail, conflits intérieurs….